La qualité de vie des personnes âgées et des seniors a toujours été au cœur des préoccupations des Français. C’est l’un des critères essentiels avec lesquels on juge la pertinence de nos sociétés à s’inscrire dans une démarche de progrès. C’est pourquoi, au cours des dernières décennies, la création de maisons de retraite et d’Ehpad s’est considérablement développée afin d’assurer à nos seniors des cadres de vie et des accompagnements sécurisés, ce qui n’était pas toujours possible s’ils continuaient à vivre chez eux, souvent éloignés de leur famille et quelquefois fragilisés par la maladie. Mais ce modèle a connu ses limites. La récente crise sanitaire l’a montré : impossibilité de contact avec les familles, désarroi de certaines personnes âgées sous ce sentiment d’isolement. C’est la raison pour laquelle se dessine une tendance contraire de « retour à la maison ». C’est ainsi qu’il faut analyser cette expérimentation dernièrement lancée par la Mutualité Française, la création d’un « Label Innovation Domicile » visant à maintenir les seniors chez eux le plus longtemps possible.
Le principe :
Pour tester ce label, 11 expérimentations sont prévues. A ce jour, trois d’entre elles ont été effectivement démarrées. Le principe est de permettre aux personnes âgées en perte d’autonomie de rester le plus longtemps possible chez elles, à leur domicile afin qu’elles gardent leurs habitudes et continuer d’évoluer dans un univers familier, mais en leur assurant une assistance, un environnement et des services similaires à ceux d’un Ehpad. C’est en septembre 2020 que la Mutualité Française en partenariat avec la Croix Rouge et le groupe Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve ont validé ce principe et commencé les expérimentations. A noter que cette expérimentation est faite selon les dispositions de l’article 51 du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2018 qui autorise tous types de nouvelles organisations dans le domaine de la santé avec des modes de financement spécifiques.
Le label « innovation domicile »
Afin de concrétiser ce nouveau concept, il est nécessaire de structurer de nouvelles organisations territoriales afin de regrouper les services de soutien, de soins et d’accompagnement que l’on trouve habituellement dans un Ehpad. Celles-ci reposent sur 3 pôles :
– un référent qui est un « coordonnateur autonomie » appartenant à un Ehpad ou à un SSIAD mutualiste, chargé de coordonner les services indispensables au maintien de la personne âgée à son domicile tout en lui assurant la permanence d’un lien social. En outre il apporte son soutien aux aidants mais également, quand cela est possible, à la famille.
– Une expertise gériatrique de l’Ehpad ou du SSIAD en coordination avec les professionnels médico-sociaux, médecins, personnel infirmier, aides-soignants, etc. liés à la structure.
-Une sécurisation du domicile de la personne âgée avec toute la technologie nécessaire, assistance 7 jours sur 7, astreinte de nuit, prise en charge des urgences.
L’organisation territoriale.
A ce jour, 9 groupements se sont structurés pour soutenir ces 11 expérimentations. Elles sont gérées par 6 Ehpad, 4 Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et par un consortium d’acteurs managé par le Centre d’expertise national des technologies de l’information et de la communication pour l’autonomie (CENTICH). Huit régions vont, pendant 3 ans, donner vie à ces expérimentations, ce qui permettra de tirer des enseignements sur la faisabilité de ce nouvel accompagnement à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie.
Les premières expérimentations.
La première expérimentation de ce dispositif a démarré à Angers début de cette année 2021. Trente personnes âgées y participent sous le pilotage du CENTICH en partenariat avec le bailleul social Soclova, le Centre Hospitalier d’Angers et 8 Ehpad à but non lucratif, ainsi que la Maison de l’Autonomie. Une seconde expérimentation a débuté à Nice en mars et la troisième en Isère portée par l’Ehpad « Résidence de l’Arche de Charvieu Chavagneux », géré par la Mutualité Française. Selon le calendrier, la totalité de ces 11 expérimentations auront débuté à la fin du premier semestre de cette année.
Il est clair que les professionnels chargés de l’accompagnement des seniors et des personnes âgées en perte d’autonomie en France vont être attentifs aux premiers enseignements tirés de ces expérimentations afin de pouvoir étendre ces dispositifs du maintien à domicile sur tout le territoire national. Et cela pourra devenir, en complément du réseau des établissements classiques (Ehpad et Maisons de Retraite), une solution permettant d’offrir une prise en charge du seniors plus souple tout en étant très sécurisée, le tout dans un environnement social digne.